Conectus
Parcours inspirant d'Adrien Rousselle, lauréat du Challenge Mature PhD

Picto Conectus
Innovations Opportunités Succès/Croissance Conectus Entreprises Recherche / Formation Socio-éco
Enfant, Adrien ne s’imagine ni chercheur, ni entrepreneur. Il se voit médecin, au contact des patients. Il s’imagine dans le soin, à veiller au mieux-être des gens. Histoire d'un joli parcours-chercheur qui se révèle sous la plume de Muriel Dudt, créatrice de contenus au sein du Pôle Universitaire d'Innovation d'Alsace.
Adrien Rousselle
Adrien Rousselle_©PUIA


Cette vocation, il ne l’hérite pas de ses parents. “Mon père est ingénieur agronome. Il travaille comme directeur industriel pour un gros producteur de levures. Ma mère est dans la microbiologie.” Mais dès son plus jeune âge, Adrien constate les inégalités liées au soin dans son pays natal, la Turquie. Lui habite avec ses parents, tous deux Français, à proximité d'une base américaine où il a la possibilité d’être facilement soigné. Mais il voit que ce n’est pas le cas d’autres enfants qu’il côtoie. Et ces inégalités le marquent.

A Adana, où il vit, Adrien est scolarisé dans une école maternelle turque. Il entre ensuite dans un établissement primaire international, dans lequel les cours sont dispensés en anglais. Un atout, pour la suite de son parcours. A la maison, il “adore faire de petites inventions”. Il s’amuse à "démonter des appareils pour voir comment ils fonctionnent”. “J’ai eu beaucoup de problèmes avec mes parents à ce sujet-là ! Je démontais mes petites voitures ou des lampes de poche mais je n’arrivais plus à les remonter”, se souvient-il, amusé.

Adolescent, Adrien rejoint la France. Il entre au collège à Lyon. “Un gros choc”, surtout quand il découvre le système scolaire français. Son côté “strict” et “fermé”. “Je n’avais pas le droit de me lever comme je le voulais. Et les profs étaient moins ouverts. En Turquie, on pouvait leur parler beaucoup plus facilement.”
Mais Adrien s’adapte.

En classe de Troisième, il choisit d’effectuer son stage à l’hôpital. Mais lui qui rêvait de devenir médecin déchante rapidement. Il se rend compte qu’il “n’aime pas ça”, sans parvenir à mettre réellement le doigt sur ce qui ne lui plaît pas. L’environnement hospitalier ou l’orthopédie, la spécialité qu’il choisit d'observer ? Alors Adrien poursuit son exploration. Il va voir d’autres médecins : un cardiologue, un urologue ou encore un médecin généraliste. Rien n’y fait, il n’accroche pas.

Au lycée, à Montpellier, Adrien s'oriente tout de même en filière scientifique. Il entre en S, spé bio, section européenne anglais. Sa curiosité lui fait explorer différents sujets, de l’évolution des espèces à la microbiologie. Pourtant, Adrien admet ne pas être un très bon élève. “Je m’ennuyais beaucoup, sauf en bio, la matière qui m’intéressait et dans laquelle j’avais de bons profs”, se souvient-il. Son Bac en poche, il entre en prépa biologie, chimie, physique et sciences de la Terre (BCPST) à Marseille. Le rythme est dur, avec des examens blancs quotidiens. “Ça n’avait rien à voir avec le lycée !”, se souvient-il. Mais Adrien adore ça. Sa soif de connaissances est enfin assouvie. Il ne s’ennuie plus.


Passion dispositifs médicaux

Le père d’Adrien l’encourage ensuite à entrer en école d’ingénieurs. Lui-même ingénieur agronome, le choix de ce métier "avait changé sa propre trajectoire de vie. Après l’école, il a obtenu un poste à 3000km de chez lui et a démarré une carrière à l’international.” Tenté par cette voie, Adrien s’y engage. Et il entre à l’ISIFC (Institut supérieur d’ingénieurs de Franche-Comté), une école spécialisée en dispositif médical. Au cœur de sa formation se trouve donc toujours la biologie et le lien aux patients, mais sous une forme différente de celle qu’il avait imaginée enfant. En première année, Adrien suit la moitié de ses cours en Faculté de médecine. Les deux suivantes, il se spécialise en ingénierie biomédicale et s’oriente vers la recherche clinique. “J’ai aimé le fait de travailler dans un environnement au contact des patients sans être directement dans le soin. J’ai appris à tester des appareils médicaux avant leur utilisation. J’ai mis en place des protocoles pour diminuer les risques au maximum. La perspective de créer des appareils pour soigner le plus de personnes possibles m’enthousiasmait beaucoup !”

Pendant ses études, Adrien effectue un stage obligatoire de trois mois dans un laboratoire de recherche. Il choisit l’unité mixte 1121 biomatériaux et bio-ingénierie de l'Inserm Est , du CNRS et de l'Université de Strasbourg. La mission de cette unité de recherche ? “Développer de nouvelles stratégies dans les domaines des matériaux pour la santé et de l’ingénierie tissulaire” pour “résoudre des problèmes cliniques”. Adrien découvre ainsi le monde de la recherche. Et il “adore”. Mais il est aussi immédiatement immergé dans l’univers de l’innovation. “Cette unité ne fait pas uniquement de la recherche. On part d’une idée pour créer un produit qui va directement aider les patients.”

En dernière année d’école d’ingénieurs, Adrien choisit d’élargir ses horizons et effectue un stage de sept mois en start-up. “J’ai travaillé sur le développement d’un protocole pour soigner les varices avec des ultrasons”, se souvient-il. Adrien aime beaucoup évoluer dans cet environnement start-up. Il aime cette “dynamique de groupe exceptionnelle” où chacun est également laissé très libre dans son travail.
Mais le monde de la recherche va finalement le rattraper. 

Un jour, lors d’un événement, Adrien offre une bière à un autre participant. Il s’agit de youri Arntz, professeur au sein de l’unité 1121, dans laquelle Adrien avait déjà effectué son stage. Youri apprécie l’initiative d’Adrien. Les deux hommes discutent. “Youri recherchait un candidat pluridisciplinaire sur un poste en contrat doctoral.”

Adrien semble être le match parfait. Malgré des “notes limites” en école d’ingénieurs, il parvient à convaincre le jury sur son projet et décroche son contrat. Le sujet de sa thèse ? La bio-impression de tissus biologiques à partir de microparticules poreuses.

Le passage de la start-up à la recherche est un nouveau choc des cultures pour Adrien. “Les premiers mois étaient consacrés à de la recherche bibliographique et à des manips qui ne fonctionnaient pas !” Mais Adrien a l’habitude des changements d’environnements. Alors, comme toujours, il s’adapte. Et cherche des ressources où il le peut. “Personne n’avait jamais fait ce type de manips dans le labo mais j’ai trouvé une personne d’une autre Université qui m’a aidé. Et j’ai été très suivi par mes directeurs de thèse, Youri Arntz et Dominique Vautier. J’avançais à tâtons.”

A l’issue de sa première année de thèse, Adrien parvient à créer des microparticules. Toute l’équipe est enthousiaste. Puis les choses s’accélèrent en deuxième et troisième année. A ce moment-là, Adrien est déjà en discussion avec la SATT CONECTUS, société alsacienne d’accélération du transfert de technologies, pour envisager la valorisation économique de ses résultats. Comment Adrien a-t-il connu la SATT ? Elle est simplement très présente au CRBS - Centre de recherche en biomédecine de Strasbourg, où se trouve son labo, avec une permanence réalisée tous les mercredis. Et Philippe Lavalle, son directeur d'unité, avait déjà tissé de nombreux liens avec la SATT, notamment dans le cadre du développement de sa start-up, SPARTHA Medical, et de celle de son ancienne doctorante, Eya Aloui, aujourd’hui CEO de la start-up ALBUPAD. La graine du projet Meteor BioPrinting est plantée. Sa technologie ? L’impression de filaments d’hydrogels mêlés à des cellules vivantes : la bioimpression. Sa mission : développer des microparticules poreuses à base de polymère biodégradable qui pourront par exemple être utilisées dans la fabrication de patchs destinés à soigner les hernies diaphragmatiques de l’enfant. Ou, plus largement, la production d'organoïdes.
 

L'opportunité Mature your PhD

En 2022, Adrien candidate au challenge Mature your PhD. Un premier pas sur son chemin de doctorant-innovateur. Lancé par la SATT CONECTUS, en partenariat avec les Universités et établissements de recherche alsaciens, ce challenge permet aux doctorants de valoriser leurs projets de thèse, de transformer leurs découvertes en produits/services/procédés innovants sur le marché et d’acquérir des compétences entrepreneuriales et socio-économiques complémentaires à la science, au bénéfice de leur insertion professionnelle.

Lauréat du concours, Adrien bénéficie de l’accompagnement de la SATT CONECTUS. Son projet gagne en visibilité. Et il démarre une collaboration avec Lucie Schiavo, cheffe de projets. “Le dossier de prématuration d’Adrien a été validé en avril 2023 et il a bénéficié d’un investissement de 85 000€ de la part de la SATT”, explique-t-elle. L’objectif ? “Dérisquer des points précis, notamment la propriété intellectuelle.” Les résultats de la recherche d'Adrien "avaient presque tous été publiés mais nous avions de bonnes perspectives de protection intellectuelle d’un axe spécifique de recherche qui venait juste de démarrer”, raconte Lucie. La SATT aide à orienter les manipulations d’Adrien pour maximiser ses chances de valorisation. Elle lui donne également des conseils en termes de publications. Par ailleurs, sa thèse est toujours confidentielle et le restera encore pendant au moins un an. 

Très motivé à l'idée de valoriser économiquement son projet, Adrien continue également de se former. Il intègre le Master ingénierie de projets innovants de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Strasbourg (FSEG) de l’Université de Strasbourg (financé par la SATT CONECTUS). Une formation qui lui permet de “comprendre tous les mécanismes de la valorisation”.

Après sa soutenance de thèse, le jeune docteur effectue un postdoc puis il est directement employé par la SATT CONECTUS en tant qu’ingénieur de recherche. Lucie continue de l’accompagner au quotidien. “Mon rôle est de faire en sorte qu’on atteigne bien les objectifs fixés dans le programme de prématuration. D'une part sur les points techniques, parce que ce sont des technologies qui sont peu matures et qu'on veut développer, rendre plus robustes. D'autre part, du point de vue de la propriété intellectuelle. L’objectif aujourd’hui est de bien penser le brevet pour qu’il soit le plus fort possible." Il sera déposé au début de l’année 2025.
Et pour la suite ? Adrien envisage de créer sa propre start-up. Plusieurs dispositifs l'aident d'ailleurs à avancer dans cette voie. Il y a les apports du challenge Mature your PhD, d’abord, qui est “une super porte d’entrée ”.

Lauréat du concours d’innovation I-PhD, de Bpifrance, Adrien profite aussi pleinement des opportunités qui lui sont offertes par ce biais. “Ça me permet de parler avec des experts au niveau national pour mieux comprendre les besoins actuels du marché.”

Aujourd'hui, Adrien passe beaucoup de temps à réseauter et à présenter, "pitcher", son projet. La prochaine étape : la maturation de sa technologie, toujours avec la SATT CONECTUS, qui démarrera en janvier 2025. Le chemin sera encore long. Le jeune homme de 29 ans en est conscient. Mais il s'y engage avec détermination.

Les forces d'Adrien ? 
Son dynamisme. Son vif intérêt pour la valorisation. Sa capacité à sortir de sa zone de confort. Son désir d'explorer sa fibre entrepreneuriale tout en étant conscient des points à améliorer pour développer sa start-up.

Ses conseils aux doctorants qui aimeraient se lancer ?
Candidater aux concours d'innovation. Réseauter. Être curieux. Se former...

Et vous, prêt.e à vous lancer ?

Voulez-vous vraiment supprimer cette technologie de votre liste ?
fermer