• Sur quel sujet travailliez-vous lorsque vous avez choisi de candidater au Challenge Mature your PhD ?

Je menais une thèse en chimie sur le développement de complexes métalliques pour l’imagerie médicale. Mes recherches ciblaient deux types d’imagerie : l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positons (TEP). La réalisation d’une image par IRM suppose l’injection d’un produit de contraste, avec la TEP celle d’un atome radioactif. L’idée de ma thèse était de développer un seul composé qui serait utilisé pour ces deux techniques.
 

• Pourquoi avez-vous choisi de candidater au challenge ?

Depuis toujours, ce qui m’attire dans la recherche, c’est son application concrète. Avant ma thèse, j’ai suivi un Master en chimie et biologie parce que je m’intéressais au développement du médicament. 

Pendant ma thèse, j’ai vu passer le mail concernant le concours. Je me suis dit : “bon, ça a l’air pas mal.” Mais c’est resté dans un coin de ma tête ! Puis, mon directeur de thèse, Docteur Loïc Charbonnière, m’a simplement écrit : “Intéressée ?” J’ai pris ça comme un signal. Si lui, et ma co-encadrante, Docteure Aline Nonat, estimaient que c’était une bonne idée, alors pourquoi ne pas tenter ? D’autant plus que nous avions des résultats prometteurs sur un composé destiné à l’IRM et que nous nous interrogions sur son potentiel économique.
 

• Comment s’est déroulé le concours pour vous ?

La première étape consistait en un dossier d’une dizaine de pages. Rédiger ce document m’a fait voir mon projet de thèse sous un angle nouveau. On nous posait des questions inhabituelles pour une thèse : quel serait l’intérêt économique de vos résultats ? Quel marché visez-vous ? Etc. Et ce sont des choses auxquelles on ne pense pas quand on a notre molécule dans le ballon. 

Puis est venu le moment du pitch. Une expérience totalement inédite pour moi, un exercice presque théâtral, à l’opposé de ce dont j’avais l’habitude. Je n’aurais jamais osé me prêter à cet exercice, mais le challenge m’a poussée à le faire. Et contre toute attente, cela m’a donné une grande confiance en moi. J’ai découvert que j’étais capable de bien plus que ce que je pensais.

Bien sûr, l’appui de mes encadrants de thèse a été déterminant. Je n’aurais pas pu me lancer seule.
 

• Qu’est-ce que ce concours vous a apporté ?

D’abord une formation en propriété intellectuelle, essentielle pour comprendre l’importance du brevet. Ensuite, un accompagnement précieux par Jérémie Fournier, chef de projet à la SATT CONECTUS, qui nous a aidés à mieux comprendre les opportunités liées à nos résultats. Nous avions déjà publié une partie de nos travaux lorsque j’ai été sensibilisée aux enjeux de la propriété intellectuelle. Malgré cela, les équipes de Conectus ont pu mettre en place une stratégie de protection de nos produits et cela nous a conduits à déposer une première demande de brevet.
 

• Comment s’est poursuivie la collaboration avec la SATT CONECTUS ?

Après ma thèse, le projet a continué pendant sept mois grâce au dispositif de prématuration de la SATT CONECTUS... Mais sans moi, parce que j’attendais un enfant ! Une postdoctorante a alors pris le relais. Un an plus tard, la phase de maturation a débuté, et on m’a demandé si je voulais reprendre le projet. J’ai immédiatement accepté.
 

• Que faites–vous aujourd’hui ?

Depuis deux ans, je suis en postdoctorat dans l’équipe « Synthèse pour l’analyse », au sein de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien, où j’avais effectué ma thèse. Mon contrat est financé par le dispositif de maturation de la SATT CONECTUS et je poursuis mes recherches sur un agent de contraste pour l’IRM, en étroite collaboration de l’équipe du Dr Éva Jakab Tóth, du Centre de Biophysique Moléculaire à Orléans. Nous avons même déposé une seconde demande de brevet et entamé des discussions avec des entreprises. L’objectif est désormais de confirmer l’efficacité de notre produit à travers une batterie de tests.
 

• Comment envisagez-vous l’avenir ?

J’aimerais finaliser mes études en cours et susciter l’intérêt d’une entreprise. Une fois cela accompli, j’aurai le sentiment d’avoir mené ma mission à bien. Pour la suite… on verra !
Quel message adressez-vous aux doctorants qui hésitent à candidater ?

J’ai d’abord participé pour me challenger, pour oser quelque chose de nouveau. Rien que pour cela, ça vaut la peine. Ce challenge permet de croire en son projet, de le voir différemment et de comprendre que la recherche ne se limite pas à la recherche pure. Il ouvre aussi des portes, que ce soit vers le privé ou vers l’entrepreneuriat. Et surtout, je n’aurais jamais imaginé que cette expérience me permettrait, cinq ans plus tard, de poursuivre mes travaux en laboratoire !